Page:Savine - L Assassinat de la duchesse de Praslin.djvu/190

Cette page n’a pas encore été corrigée

pable. La justice des hommes se trompe quelquefois. J’attends cependant son arrêt avec confiance… ils peuvent interroger ma vie jour par jour ; ils le feront, et de leur terrible accusation, il ne restera que la honte de l’avoir encourue, honte indélébile, ineffaçable, qui me tuera. Vous dire cette triste tragédie dans toutes ses phases, je ne le puis… Ils sont orphelins, ces enfants que j’aimais plus que moi-même, et celui qui fut pour moi un ami plus qu’un maitre, celui duquel je n’ai reçu pendant si.x ans que des preuves de bonté et d’affection, celui qui ne m’a jamais dit une parole dure, qui adoucissait sans cesse ce que ma position avait de pénible… Il est mort, mort dans une prison, la conscience bourrelée et ils disent tous que j’ai provoqué l’affreuse démence qui l’a conduit à cette déplorable mort. Qu’il l’ait préméditée, ne le croyez jamais. C’était le meilleur, le plus excellent des hommes. Il est devenu fou. Oh ! si vous saviez ce qu’était cet intérieur ! Au milieu de cet enfer, chacun perdait la raison. Mais l’adultère, le meurtre comploté dans l’ombre, exécuté de sang-froid, horreur ! C’était impossible. »

Et les jours de solitude à la Conciergerie recommencent. Le secret la brise. « Sa taille a perdu l’élégance et la souplesse de la jeunesse. Son teint pâle et mat indique la fatigue. » Le 27 septembre, elle est appelée de nouveau à l’instruction. Cette fois, elle est interrogée sur ses correspondances. On la questionne sur tout, sur ses lettres au duc, sur ses plaintes aux jeunes filles. Mais le juge d’instruction ne lui parle ni de sa lettre à Mme Remy sur les aveux qu’un des fils a faits à Praslin, ni de la lettre de Louise de Praslin sur cette mère qui a corrompu deux de ses enfants. Évidemment ce sont là des matières étrangères au procès ; elles ne doivent rien avoir à faire avec les causes du meurtre. Nouvel interrogatoire, le 4 novembre. Même discrétion du juge. Maintenant, le non-lieu s’impose. D’une part, il n’y a point de preuves de complicité. De l’autre, il serait dangereux que le dossier que n’a pas voulu imprimer Pasquier, put être feuilleté par des avocats, put être soumis à un jury. Le 12 novembre, le procureur du roi Boucly conclut n’y avoir