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meure chérie, votre maison paternelle, votre paradis et vous sembliez assigner pour le printemps l’époque de votre retour. — Est-ce qu’on voit de beaux jours, lorsqu’on les achète par un crime ? Il n’en est plus alors et la conscience suffit pour la punition. « Quand elle parlait de beaux jours explique-t-elle, c’était après le mariage des jeunes filles, quand elles seraient mères d’enfants qu’elle aimerait comme elle les avait aimées. « Dans une de mes lettres, je dis à Berthe que je les bercerais sur mes genoux, est-ce que si j’avais tué leur mère, j’aurais pu tenir un tel langage ? Je pouvais avoir le cœur aigri contre Mme de Praslin, mais je ne lui aurais pas fait tomber un cheveu de la tête. Je l’aurais sauvée au péril de ma vie… Pourquoi ne suis-je pas morte moi-même ? » Ses larmes baignent son visage. Elle s’est écroulée sur sa chaise. Le juge l’engage à se calmer, la réconforte et lui remet une lettre que lady Melgund, son ancienne élève, lui adresse par l’intermédiaire de l’ambassade d’Angleterre.

C’est un éclair qui illumine son désespoir. Quand elle est rentrée dans sa cellule, elle répond à lady Melgund : « Madame, car je n’ose plus vous nommer Nina ! C’est du fond d’une prison que je vous écris, c’est sous le poids d’une douleur si grande qu’il n’est point de mots pour l’exprimer. Aujourd’hui, après trois semaines d’affreuses incertitudes, j’ai appris la fin de l’horrible catastrophe du 18 août. On m’a dit la mort de M. de Praslin… On m’a dit qu’on me croyait sa complice dans un crime que je ne croirai jamais qu’il a prémédité. Le juge, bon et compatissant, m’a donné votre lettre dans le moment où ces terribles paroles me frappaient au cœur. Je vous dois la raison. Votre lettre m’a fait pleurer… Soyer bénie, soyez bénie mille fois dans vos enfants, dans tout ce que vous aime ;. Ah ! que vous aver payé avec usure les soins que je vous ai donnés. Vous êtes venue à moi quand le ciel et la terre semblaient m’abandonner, Dieu vous récompensera de cette pensée généreuse et moi je mourrai en vous bénissant… À vous, je ne dirai pas même que je suis innocente ; vous save ; bien que je ne puis être cou-