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lui inflige pour avoir osé fournir à l’instruction quelques renseignements sur le tempérament violent et colère de la duchesse de Praslin. Ce laps de temps est peut-être nécessaire aussi pour lui faire comprendre sur quels points elle doit être prudente dans sa défense. L’interrogatoire du 14 septembre reprend par le détail les circonstances de son séjour chez les Praslin et aborde, avec plus de précision que les interrogatoires précédents, les dernières semaines qui ont précédé le meurtre. Le juge d’instruction insiste sur la certitude qu’a acquise la justice que Praslin est le meurtrier. « Je vous jure que je ne le crois pas, répond Henriette Deluzy, ne pouvait-il pas la quitter, vivre séparé d’elle, si elle lui était trop à charger Elle voulait elle-même se séparer. Quant à la préméditation, je n’y croirai jamais. C’est un acte de folie, de démence, mais un crime jamais, non, non, jamais. — Le duc de Praslin a craint le jugement de ses pairs. Il a échappé par un nouveau crime à la répression, au châtiment qui devait l’atteindre. Mais cette mort volontaire est de sa part l’aveu du crime dont il vous laisse, actuellement, la responsabilité devant la justice. » Avant même que le juge n’ait terminé sa phrase : « Ne dites pas qu’il est mort, » s’écrie Henriette Delury en proie à une vive émotion et se dressant sur sa chaise. Puis elle se rassied. « Mort ! mort ! le malheureux ! Quel malheur qu’il ne m’ait pas parlé ! qu’il ne m’ait rien dit ! Moi qui aurais donné ma vie pour lui, pour ses enfants, pourquoi ne m’a-t-il rien dit, je l’aurais arrêté. » L’accusation soutient que, perdant le bien-être d’une grande existence, elle a regardé la mort de la duchesse comme le moyen unique de ressaisir cette position. « Non ! non ! monsieur, non, non, elle était bien amère cette position. J’ai pu regretter mon éloignement, le dire, me voir avec douleur, isolée dans la vie, éloignée brutalement de mes chères élèves, mais la pensée d’un crime ne m’était jamais venue, et je me serais fait horreur moi-même de la lui donner. — Dans cette correspondance, reprend le juge d’instruction, on voit percer des espérances pour l’avenir. Vous rêvez de beaux jours, les ombrages de Praslin, votre de-