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réconfortée et encouragée plusieurs fois durant son interrogatoire. C’est une femme rare. Ses lettres sont des chefs-d’œuvre d’esprit et d’excellent langage. Son interrogatoire est admirable. Encore vous ne le lirez que traduit par Cauchy. Si vous l’aviez entendue, vous en seriez émerveillé. On n’a pas plus de grâce, plus de tact, plus de raison. Si elle veut bien écrire quelque jour pour nous, nous lui donnerons, pardieu ! le prix Montyon. Dominatrice, du reste, et impérieuse. C’est une femme méchante et charmante.

— Ah ! ça, fait Victor Hugo, est-ce que vous en êtes amoureux : — Hé, hé ! » Le comte de Saint-Aulaire demande au poète : « Que pensez-vous de l’affaire ? — Qu’il faut qu’il y ait un motif. Autrement le duc est fou. La cause est dans la duchesse ou dans la maîtresse, niais elle est quelque part. Sans quoi, le fait est impossible. Il y a au fond d’un pareil crime ou une grande raison ou une grande folie, [1] » Le 30 août, la Cour des Pairs réunie entend un compte rendu du chancelier Pasquier qui flétrit Praslin[2] et célèbre avec lyrisme la vertu et la bienfaisance de la duchesse de Praslin. « Elle a donc succombé cet ange de bonté. Les paroles me manqueraient si je voulais rendre devant vous les sentiments qui m’ont été inspirés par les découvertes que j’ai dû faire durant le cours des recherches si déchirantes qu’il m’était ordonné d’accomplir. » Et après un résumé de l’instruction, le Chancelier annonce qu’il fait imprimer pour le distribuer aux Pairs le recueil qui doit rester « comme un éternel monument de la perversité_ de l’un des plus grands coupables qui aient jamais vécu. » [3]

  1. Victor Hugo. Choses rues.
  2. « Le dénouement, écrit Pasquier au baron de Barante, a eu pour moi l’inconvénient de m’imposer la nécessité de me faire l’organe de la vindicte publique et de prononcer après sa mort l’arrêt qui ne devait régulièrement l’atteindre que vivant. Celle irrégularité a été heureusement fort bien accueillie par les principaux organes de l’opinion. »
  3. Pasquier ne dit pas pour quelle raison il a rejeté tant de pièces qui permettent aujourd’hui de faire la lumière sur les causes du meurtre. Il est vrai que rencontrant Victor Hugo, en février 1849, il lui dira, en parlant des procès de 1847 : « Je n’y voyais déjà plus