chez les Praslin. Comme on lui reprochait ses correspondances avec les jeunes filles après sa sortie de la maison : « Oh ! je vous le jure, s’écria-t-elle, qu’il n’y avait dans ces lettres ni art ni arrière-pensée. J’étais désolée et j’exprimais mon désespoir avec trop de chaleur, trop d’entraînement. Oh ! je me le reproche maintenant. Mais encore une fois, ce n’était pas pour les éloigner de la mère. Les choses en étaient venues à ce point que moi je n’y pouvais rien. Ce qui a été bien malheureux, c’est que tout à coup on a voulu rompre pour ces jeunes filles, des liens de six années. » Elle était arrivée au Luxembourg, rapporte Allard qui était allé la chercher à la Conciergerie, dans un véritable état d’exaltation, pleurant, sanglotant, parlant des tentatives de suicide de la duchesse, se plaignant du maréchal Sébastiani. « Il parle de maîtresses, me dit-elle, si j’avais voulu, j’aurais bien pu être la sienne. Je devais même veiller sur les jeunes filles à son égard »[1]. Au retour à la Conciergerie, après l’interrogatoire, les traits de la prisonnière, rapporte Allard, étaient visiblement altérés. « Il est perdu, me dit-elle, messieurs les Pairs m’ont tout appris. Je n’aurais jamais cru que M. Rémy aurait conservé les lettres que je lui avais confiées pour être brûlées. » Je lui demandai, continue Allard, si elles étaient compromettantes. « Oui, me répondit-elle, au point de vue du procès. Ce sont les lettres des enfants où ils me parlent contre leur mère. Messieurs, les Pairs m’ont aussi parlé de mes lettres que je croyais que le duc devait aussi brûler. Quel malheur ! Ils sont tous perdus ! » Cela, conclut Allard, s’appliquait au duc et aux enfants.
En sortant de l’Académie, Victor Hugo, le jeudi suivant, s’entretient avec Cousin et le comte de Saint-Aulaire. « Vous verrez ; cette demoiselle Deluzy, dit Cousin qui l’a
- ↑ Cette phrase de la déposition a été batonnée. Le docteur de la Berge répétait dans sa déposition des propos analogues : « Elle me sembla attribuer son renvoi à l’inimitié du maréchal Sébastiani. Selon elle, il ne l’aurait pas toujours respectée et se serait porté sur sa personne, en deux ou trois circonstances, où il l’aurait trouvée seule, à des actes d’immoralité qu’elle aurait été obligée de repousser.