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il aurait joué un rôle ridicule et presque sacrilège.

La faute du Gouvernement de Juillet fut toute différente. Gomme l’écrivait le comte Mole au baron de Barante le 28 août 1847 : « M. de Praslin s’est empoisonné, nemine contradicente[1]… Je sais si bien jusqu’où va la faiblesse de ceux qui nous gouvernent que de mon coin, j’avais écrit deux lettres pour montrer les conséquences de ce qui se préparait. M. Guizot, il y a longtemps que je l’ai appris, est roide, absolu, hautain, et dans l’occasion sans pitié. Mais il ne résiste pas à certaines influences… Jamais à mon avis, il ne fit de plus grande faute dans des circonstances où elles pouvaient avoir tant de dangers. Rien dans aucun temps, dans aucun pays, n’en a approché… Ce monstre, qui vient de reculer les limites de la barbarie humaine, a été huit jours dans sa maison entouré des égards de la police et du Parquet, bien plus que de sa surveillance ; son propre, médecin, celui de sa famille, ne l’a pas quitté et il déclare que ces flots de poison sortant de son corps par toutes les issues sont les attaques du choléra qu’il combat par les moyens propres à augmenter les effets du poison…[2] J’hésite à vous envoyer cette lettre et si je le fais, c’est que je ne l’aurai pas relue[3]. »

La mort du duc de Praslin ne désarmait pas la vindicte publique[4]. Henriette Deluzy avait été interrogée par la Commission de la Gour des Pairs, le 28 août. Son interrogatoire avait porté d’abord sur l’historique de son séjour

  1. Sans que nul y fasse obstacle.
  2. C’est l’opinion de Biéchy de l’Empoisonnement du duc de Praslin. « M. le duc de Praslin, dit-il, évidemment voulait en finir avec la vie et il a eu la bonne chance d’avoir à faire à des docteurs qui l’ont si bien aidé dans cette œuvre de suicide en lui faisant avaler de.l’eau, de la glace, du nitrate dépotasse, en lui soutirant du sang. » (p. 11).
  3. Barante. Souvenirs.
  4. On a prétendu que la Préfecture de police n’avait pas permis la publication d’images ou de complaintes relatives à l’assassinat. Nous reproduisons la seule image parue. 11 y a aussi les complaintes : Pauvre duchesse, qui se chantait sur l’air de La lionne ; Assistants, venez entendre, sur l’air de Fualdès ; La prière de la duchesse de Praslin pour son fils sur l’air de T’en souviens-tu.