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VI

Meurtre et Suicide.

Le duc est entré dans sa chambre et s’est couché. Il ne dort pas ; il semble guetter les bruits de la maison. Le jour où il est arrivé de Praslin comme un fou, bouleversé par les récits de son fils, il a dévissé la targette du verrou qui ferme la porte de la chambre de sa femme sur l’antichambre[1]. Désormais, elle ne pourra plus s’enfermer chez elle. A-t-il à ce moment-là conçu l’idée de la tuer ? N’agit-il que dans un but de surveillance ? Il est difficile de préciser. Mais un autre indice, découvert plus tard, n’est explicable que par la préméditation. Quand, deux mois environ après la mort de la duchesse, on veut démonter le ciel de lit, énorme baldaquin chargé de lourds ornements et d’armoiries, le tapissier Leys s’aperçoit qu’il ne tient plus que par un écrou à demi dévissé, et qu’on a dissimulé, avec de la cire à cacheter, les vides formes par l’enlèvement des autres écrous. On cherche ces écrous, et on les découvre, avec les vis, dans le tiroir de la commode du duc. Comme à son voyage de fin juillet, Praslin a interdit aux domestiques de toucher à la chambre de la duchesse, il n’est pas douteux que, dès ce moment, sa décision de tuer sa femme ait été prise.

Cet homme, qui, dans l’affaire Teste-Cubières, a opiné pour les conclusions les plus rigoureuses[2] ne se considère certes pas comme un assassin. La duchesse s’est jugée elle-même. Ne lui disait-elle pas dans une de ses

  1. Le tournevis est un des premiers objets que l’on trouva dans les perquisitions dans le cabinet de travail du duc. (Gazelle des Tribunaux, 27 avril 1817.)
  2. D’Alton Shée. Souvenirs de 1847, p. 4O. — Victor Hugo, Choses vues.