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teurs du danger qu’ils couraient. Mais il était trop tard : le bateau alla donner sur une roche à fleur d’eau et s’y enfourcha, jusqu’à toucher Keller dans sa position Nord-Est. Au même instant, les habitants de la côte Nord d’Ouessant entendirent un choc violent, aussitôt suivi d’un fort dégagement de pression. Un pêcheur de Gwalgrac’h sauta dans sa barque, et, guidé par les appels, rama vers l’endroit très proche mais encore invisible où le navire venait de talonner. C’était un « tramp » autrichien, la Marimba, vaisseau long de cent vingt mètres et jaugeant six mille tonnes. Il avait été construit à Sunderland, en 1901, et avait quitté Newcastle quelques jours avant, avec un chargement de charbon.

Le capitaine apprit du pêcheur qu’il avait touché Ouessant, puis, le second descendit à terre, et, conduit par l’îlien, se rendit au Stiff pour télégraphier la nouvelle du naufrage. Déjà, les insulaires accouraient de partout. Le syndic, M. Péqueux, fut seul autorisé à monter sur le bord. Il reconnut la position du bateau. Un peu de mer suffisait pour qu’à marée descendante le navire fût brisé. La situation risquait de se faire plus périlleuse encore, si les vents se mettaient au Nord, parce que, dans ce cas, la