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en subir aucun déshonneur car cette épreuve avait été absolument chaste.

Jadis, rêva Barba, faute d’hommes en nombre suffisant, beaucoup d’îliennes étaient condamnées à ne jamais se marier. C’est pour cela qu’au moment de Pâques, on voyait tant d’amoureuses déposer des œufs dans des paniers qu’on plaçait à l’église de chaque côté de la grille de communion. C’est pour cela qu’elles portaient leur offrande au banc an ed, le banc du blé, un coffre dans lequel elles jetaient une mesure de blé, en réclamant de Dieu la réalisation d’un vœu ou des consolations à des peines de cœur.

Au reste, en ces temps lointains, les filles étaient beaucoup plus sages que maintenant… Les hommes non mariés vivaient entièrement séparés des femmes. Celui qui séduisait une jeune fille sans l’épouser ensuite était déshonoré : tout porte à croire que les hommes d’aujourd’hui sont beaucoup moins soucieux de leur réputation…