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sous, dans le caniveau pratiqué au ras du foyer, elle enflamma les gleds au moyen de genêts et de petit bois. Alors les mottes se consumèrent d’un feu lent et invisible qui devait durer environ cinq heures.

Barba s’assit, satisfaite, et expliqua :

— Guyot vint ici pour la première fois, lors de la construction du fort dont il surveillait les travaux. Il était lieutenant. C’est à cette époque qu’il rencontra Claire pour la première fois et qu’il s’en éprit. Un soir, mon amie consentit à le suivre chez lui, par légèreté. Mais, contre son attente, il ne la revit pas les jours suivants. Ce fut en vain qu’il la supplia : il ne lui plaisait pas, décidément. Elle avait déjà eu plusieurs liaisons, Guyot n’en savait rien et il se désolait d’avoir été délaissé.

Enfin, à force d’entêtement, il parvint à la persuader. Claire quitta la maison de ses parents et vécut chez le lieutenant pendant six mois. Volontiers, il me prenait pour confidente : — « Jamais je ne pourrai aimer une autre femme », déclarait-il. Je haussais les épaules, parce que vous parlez tous ainsi, puis un jour, vous partez et l’on ne vous revoit plus. Guyot affirmait pourtant qu’il voulait épouser Claire : elle en riait avec nous, et même, elle