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— Oui ?.. s’exclama Angèle. Et moi qui l’oubliais !


Le havre de Porz Pol,dont les eaux s’étaient retirées, rappelait maints paysages brossés par des hollandais d’autrefois. Des nuages s’accrochaient aux agrès et aux mâts des barques échouées. Les contours des rochers et les tons violents des herbes marines s’abolissaient sous une grisaille ; des vapeurs plus denses s’accumulaient dans les profondeurs de la baie. Par endroits, les objets du premier plan apparaissaient seuls ; ailleurs, ils se détachaient sur une immensité sans limite.

La brume s’était levée fragmentairement, un peu avant le coucher du soleil, semblable à des nuages de chaleur errant au-dessus des murs et des toits. Et puis, la vapeur, plus dense, commença d’imprégner tout de son humidité et de mouiller le sol.

À la nuit tombante, l’île entière flotta dans cette atmosphère cotonneuse. La marée basse accentua la hauteur des récifs. Ils parurent se perdre dans le ciel. Mais le coup d’œil valait surtout du haut des falaises. La forme et la grandeur réelle du précipice étaient abolies. L’on ne distinguait plus que des étendues noires