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gnols qui travaillaient sur les épaves d’un bateau, firent aussi une terrible consommation de moutons.

Il faut encore compter avec les grands rapaces qui enlèvent les petits agneaux, et avec les corbeaux qui mangent les yeux et la langue des nouveau-nés.

C’est le vendredi que les îliennes vont chercher leurs moutons assemblés. Le samedi, les retardataires qu’on n’avait pas encore attrapés sont amenés au bourg où chacun les examine. Les moutons non reconnus sont vendus à l’encan, après Vêpres, au profit de la commune.

Parfois, le samedi, on célèbre la « fête des moutons ». On voit alors les jeunes îliennes prendre part au dansal, une sorte de ronde très lente, avec trois pas à droite et trois pas à gauche, et qu’elles exécutent en chantant. C’est là le seul accompagnement. Car, avant l’arrivée des troupes, on ne connaissait pas d’instrument de musique à Ouessant, sauf la bigorne, conque marine dont les hommes se servent pour signaler leur présence en mer, par des gémissements très longs, pendant le brouillard