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tale, avec les exigences de sa nature, l’avaient seulement jetée dans le désordre. C’étaient de là qu’étaient venues la flamme de son regard, l’odeur de sa chair, la révolte de sa bouche emportée. Son caractère lui commandait d’être une sainte ou de tomber dans les pires excès. Elle y tomba.

Son inconduite lui attira maints ennuis. Elle était devenue plus mauvaise, plus cruelle et plus belle encore.

Un jour, un voyageur des Dames Élégantes se présenta chez elle pour lui proposer des bagues. Il allait de la sorte, chaque semaine, frapper de maison en maison, entre deux courriers, offrant aux naturelles les raffinements de la civilisation. Ainsi, les draps luxueux, la soie et le velours avaient peu à peu remplacé les étoffes rustiques, tissées jadis dans le pays. Ainsi, des machines à coudre, des parfums, des jupons ornés de dentelles étaient devenus de vente courante, et, quand elles avouaient n’avoir point d’argent, l’adroit mercanti insinuait les moyens de s’en procurer et parlait d’un séjour à Brest : on savait ce que cela voulait dire.

Les bagues étaient présentées dans un écrin. Beau parleur, l’homme vantait sa marchandise,