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vée. Par fierté, elle avait depuis longtemps renoncé à lui demander de rester. Cette fois, même, il semblait qu’elle fût irritée de le voir.

C’était le cinquième départ de Kéméan depuis son mariage. Lors du premier, elle l’avait accompagné jusqu’à la Louise et elle était ensuite rentrée chez elle à pleurer pendant des heures, la tête appuyée au mur. Puis, quand elle eut compris que l’obstination de son homme était plus forte que son amour à elle, Salomé ne l’accompagna plus, désormais.

Ludovic partit pour cinq ans.


Il partit pour cinq ans, le premier samedi de juillet, sans avoir pu arracher un baiser à sa coléreuse épouse. Et le surlendemain, à la marée du soir qui atteignit son plein vers onze heures, à son tour, Salomé s’embarqua sur un sloop et fila à Brest où elle resta cinq semaines.


Or, huit mois après, à San Francisco, où le trois-mâts Fébronie, qui naviguait pour la prime, venait de relâcher, Kéméan, le maître d’équipage, rencontra dans un bar un matelot français qui parlait d’Ouessant.

Il racontait comment le dundee Reine-des-