Page:Savignon - Filles de la pluie.djvu/275

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Alors, vous l’avez-vu et il vous a parlé de moi ?

Et il y avait tant de sincérité et d’émoi et d’anxiété dans ces mots de la pauvre femme, que je me repentis de m’être joué d’elle.

— Je plaisantais, lui dis-je.

— Ah ! Et elle devint plus blanche encore.

» Écoutez, demanda-t-elle : — Quand vous retournerez à Brest, allez le trouver, Engel, deuxième compagnie, caserne Fautras. Vous lui direz le bonjour comme en passant. Et vous tâcherez de savoir s’il se souvient de moi et s’il veut toujours revenir à Ouessant son congé terminé. — Je promis. Mais, jamais, à Brest, je n’eus le courage de m’égarer vers ce quartier lugubre, de conférer avec le corps de garde et d’attendre à la grille la réponse de l’homme envoyé à la recherche d’Engel. Et je n’y pensai plus.

— N’importe ! fit Marie, quand je lui en murmurai l’aveu.

N’importe !


Tout l’avait abandonné, en effet. Et sa vie était comparable à celle de beaucoup d’Ouessantines.

Maintenant, quand elle rentrait, le soir, dans