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— Hé bien ! un homme intelligent, depuis douze ans qu’on vous rabâche cette histoire, ne s’est donc pas trouvé pour aller l’interroger et, coûte que coûte, tirer cette affaire au net ?

— Ah ! courez-y donc, lui demander, vous ! Et chacun rit à cette idée comique : faire parler Louise Calgrac’h, native de Frugulou.

— Comment vit-elle ?

— Seule. Tous ses parents sont morts et elle ne voit jamais personne.

Un silence se fit dans la nuit avancée.

Enfin, Ducreux, qui avait toutes les candeurs, déclara :

— J’irai la voir.

Et il pensait: — « Ce n’est qu’une paysanne, après tout, elle ne m’en imposera pas à moi. »

On hocha la tête.


Alors, le capitaine Lang qui connaissait les cinq parties du monde où il avait roulé ses épaules massives d’homme de mer, Lang, le taciturne, devant le savoir duquel chacun s’inclinait volontiers, dit posément :

— J’ai voulu la voir, moi aussi. Et je lui ai parlé, au hasard, en péruvien. Tout de suite, elle m’a répondu.

» Et ce qui m’a frappé surtout, ce fut sa distinc-