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Et, à la vérité, rien n’était plus raisonnable que cette assertion. La rumeur publique attribuait à divers habitants des ressources clandestines dues aux épaves. Parmi les plus récents exemples, on citait le père Le Goasgootz, dans Molène. On l’avait toujours connu pauvre. Et, soudain, il s’était révélé prodigue, montrant des doigts chargés de bagues, tenant table ouverte et ne dégrisant pas, acquittant les tournées rubis sur l’ongle avec ces souverains aux effigies de George IV et de Victoria qui circulaient maintenant dans l’archipel.

Cependant, depuis le Chincha, la Maud, l’Européen, les sinistres maritimes fructueux pour les îliens se faisaient de plus en plus rares. Et, d’autre part, il n’apparaissait plus guère possible aux personnes d’esprit rassis de découvrir désormais des objets précieux enterrés par des naufrageurs d’autrefois. Tout ce qui était bon à prendre avait été soigneusement garé, les espèces sonnantes d’abord.

Ainsi, maints objets de valeur se trouvaient répartis dans l’île et l’on citait la vaisselle d’argent, les tables d’acajou massif, et les lampes de bronze ciselé du capitaine Janvier ; les bijoux de Mme Virginie Auclère ; le coffre médical de Yan Kerjean de Paraluc’ben, avec