Page:Savignon - Filles de la pluie.djvu/238

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

du mal lui fût venu à cause d’elle. Mais une semaine plus tard, il reparut. On l’avait seulement puni pour absence illégale.

L’expérience d’un jour avait rendu Louise réfléchie. Elle comprit qu’elle ne tiendrait que d’elle-même sa libération. Elle avait du sang d’îlienne, après tout, et jetant un coup d’œil sur sa pelle et sur sa faucille, elle se dit qu’il faudrait savoir en tirer parti.

Un soir qu’il l’avait maltraitée et s’était ensuite, ivre de l’eau-de-vie qu’il lui avait envoyé chercher, étendu sur le lit, Louise s’approcha doucement, sa faucille à la main.

Mais l’autre ouvrit les yeux à temps, arracha de ses doigts cette arme improvisée, et dit :

— Écoute...

Dans le silence de la nuit, on venait d’entendre une clameur atroce, suivie d’un pas de course, une fuite désespérée. Le Pantinois saisit Louise par le poignet et l’entraîna près de la fenêtre. Par le chemin rocailleux qui s’engouffrait entre les premières maisons de Toul al lan, deux femmes poursuivies poussaient des hurlements qui n’avaient plus rien d’humain. Que leur avait-il été fait ? À quelle torture tentaient-elles d’échapper ? Trois colo-