Page:Savignon - Filles de la pluie.djvu/236

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Il s’éloigna en ricanant.

Louise de Niou-huella s’était sauvée et elle était rentrée chez elle, affolée de peur et de dégoût.


Elle n’était pas seule à se repentir. Mais les filles font rarement de pareilles confidences et la vérité n’apparaît que peu à peu.

En interrogeant ses compagnes, elle entendit que les étrangers avaient déjà abandonné beaucoup de celles à qui ils avaient fait des promesses et qu’ils n’épouseraient pas. Ils étaient débauchés, paresseux, en dehors de l’exercice des armes qu’ils n’exécutaient que sous la menace des punitions. Ils employaient la terreur pour se faire aimer, l’amour pour vivre. Ces mœurs étonnaient beaucoup car les Ouessantines avaient jusqu’alors prisé la douceur proverbiale des étrangers, moins rudes que leurs époux, les gens de mer.

Mais ceux-là se vantaient d’avoir domestiqué la femme, un peu partout, en Chine, à Madagascar, ailleurs encore. On disait qu’ils avaient, sur la côte africaine, mis à la torture des sœurs au visage noir. Au Tonkin, ils avaient brûlé des pagodes, assassiné des prêtres et écrasé des dieux, sous leurs bottes. Ils feraient