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de cacher la vérité qu’elle fait tout accepter pour vrai, même le mensonge. À tel point qu’elle passait pour un peu naïve, simplement parce qu’elle n’avait pas l’expérience du mal.

Un jour — novembre s’achevait dans une tiédeur qui échauffait la mer — un jour, elle partit, un peu avant le coucher du soleil, se baigner dans une petite crique près de Porz Gwen, avec Claire, une voisine de son âge.

Elles jouaient sur le bord de l’eau, sans voile aucun, à la façon des Ouessantines qui se baignent, quand un sifflement retentit, un coup strident comme l’appel d’un vapeur, et qui résonna, déchirant, dans les grottes profondes de la falaise. Louise et son amie, effarées, poussèrent un petit cri et levèrent les yeux. Deux soldats les regardaient d’en haut. Elles s’enfuirent. Mais les hommes descendirent en hâte les rochers et se mirent à les poursuivre. Les filles, croyant que c’était un jeu, couraient en souriant, rassurées. Louise atteignit l’endroit où elle avait caché ses vêtements, juste à temps pour saisir sa chemise, et s’en couvrit. Deux secondes après, le soldat était à ses côtés. Ce fut en vain qu’elle voulut l’éloigner.