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offusquait la vue par sa flamme aveuglante et crue. De Saint-Mathieu, on n’apercevait que les projections. Mais un peu plus à l’Ouest, on distinguait l’éclat lointain d’Eckmühl, celui d’Ar Men, et, tout près, la tourelle du Vieux Moine ; plus loin, le feu tournant des Pierres Noires, et puis, la Grande Vinotière, une tourelle à éclat faible, jetée à l’entrée du Four, entre Béniguet et Kermorvan ; puis, indiquant le chenal, les Platresses, et derrière la pointe de Corsen, la lumière plus puissante du Four apparaissait. Et il y en avait d’autres, occultés par les terres, les phares de Trézien et de Corsen, et tout à fait à l’Est, celui de l’île Vierge, toute la ceinture brillante de la pointe du Finistère, tandis que, très au large, comme perdus dans l’immensité des eaux, se révélaient le feu à double éclat du Créac’h et le Stiff, moins visible, avec sa lueur en veilleuse, rouge et blanche.

Alors, entre ces deux points extrêmes, le Créac’h et le Stiff, il devinait la bande de terre invisible, « son île », et la chaumière de Juliana.

Serait-il le bienvenu, dans ce retour ?

Ces lueurs évocatrices, la caresse du vent et l’émoi de ce spectacle, qu’en cette heure tardive, il était seul à contempler, tant d’objets