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III



Par les soirs calmes d’été, quand la mer unie comme un miroir se retire des côtes sans un murmure, on aperçoit au large, dans ces parages tourmentés, des rochers à demi découverts. La vaste solitude leur prête une étrange fantasmagorie, l’éloignement les formes les plus inattendues. Quelques-uns, allongés sur les eaux, semblent, avec leurs découpures hérissées, de longues embarcations chargées de rameurs.

Il vient parfois alors, porté par le vent, un bruit de voix mystérieux et lointain, comme une conversation haletante dont on recueille seulement les accents... peut-être les paroles de l’équipage de quelqu’un de ces vaisseaux d’autrefois, fantômes errants qui échappent, le