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bout qu’elle s’efforça d’attraper. Au huitième essai, elle réussit à s’en saisir ; les naufragés lui conseillèrent « d’attacher un rocher et de marcher sur le filin pour arriver au canot ».

Rose amarra la corde à une roche aigül et se remit à l’eau. C’était un peu au-dessous de la pyramide du Runiou. Elle avança, se soutenant des mains, insensible au froid ; ses jupes flottèrent un instant, comme une cloche, s’enfoncèrent, et, soudain, perdant pied dans un trou, elle disparut. Pourtant, elle ne lâcha pas prise ; à la force des poignets, elle remonta à la surface, progressant de quelques mètres vers la barque, disparut, avança encore. La chaloupe était à une soixantaine de brasses. Ce trajet fut long et infiniment pénible.

— Enfin, dit-elle, ils m’ont crochée avec la gaffe et amenée avec eux.

« C’était une grande chaloupe blanche et noire. Elle faisait eau ; trois hommes pompaient sans arrêter. Il y avait cinq malades à bord, et une figure noire (un nègre), en tout, quatorze hommes. Le second parlait bien le français. Il avait ramassé tous les papiers du vapeur avec lui.

« Une fois embarquée, ils ont voulu savoir qui j’étais et ce que je faisais.