Page:Savignon - Filles de la pluie.djvu/132

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Cocotte, elle, se sauverait en courant. Mais on le retiendrait davantage, il en avait la conviction. Et alors, vers les minuit, quelques considérations seraient hasardées sur la situation lointaine de Kerlan, relativement au bourg. Mais, s’il cédait aux sollicitations, quelle conduite à tenir ? — Aline ou sa mère ?... Les deux à la fois, peut-être ?... Quand Cocotte s’esquiva, prétextant une affaire importante, il n’avait pas encore éclairci le problème.

Une chose avait troublé ses conjectures. C’était l’attitude distante et réservée d’Aline — un peu triste. Et le mystère de ce regard de langueur qui s’attachait à lui, chaque fois qu’il détournait les yeux pour parler à sa mère. Le Lamber pensa que dans cette petite tête énigmatique et réfléchie, il y avait peut-être de la honte, silencieuse, et le désespoir de ne pas mener sa vie librement. — Était-ce cela ? Mais, alors... toute la passion dont ses yeux étaient chargés ?

La soirée s’avançait. Le Lamber annonça qu’il allait prendre congé.

— Restez, lui murmura Mme Caïn, pendant qu’Aline s’était retirée pour aller puiser de l’eau. Mais il n’écoutait pas la dame. Instinctivement, il avait suivi des yeux cette petite poupée calme, au buste droit, au front pensif, qui avait l’air