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en elle qu’une mouliguen sans chic et sans crédit.

Et, justement, il retrouva Cocotte à Kerlan. Elle était arrivée tôt dans la maison Caïn, bien coiffée, avec ruban dans les cheveux, jupe de soie ; et un précieux corsage de mousseline blanche aux ajourés compliqués de dentelles lui donnait l’air d’avoir pensé, en tenue de cérémonie, présider à une réception de haut style.

Quand Le Lamber cogna à la porte, ce fut Cocotte qui se précipita pour lui ouvrir. Elle lui serra la main énergiquement et, malgré l’obscurité, Le Lamber vit bien qu’elle n’avait pas oublié les caresses aventurées d’un soir.

« Et voilà, précisément, ce qu’elle devra rayer de ses papiers », pensa Le Lamber en se jouant. Alors, il pénétra dans le logis.

Mme veuve Caïn et sa fille étaient assises de chaque côté d’une fenêtre où s’adossait la table, sous la lueur d’une lampe qu’attiédissait un abat-jour mauve. Dans la cheminée, un petit feu de mottes entretenait la chaleur d’une énorme marmite. La pièce était grande et spacieuse, fleurant le pitchpin goudronné, toute en meubles et panneaux de bois clair ou peint, ruisselants de propreté. Le Lamber entrait là pour la pre-