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elle eut à creuser sept trous, sept en tout, car au bout d’une semaine, plus rien ne restait de cette famille dont elle avait été l’âme, et aucune voile, par le terrible ouragan qui s’était déchaîné, ne s’était risquée à portée de ses signaux désespérés.


Une fois seulement, au crépuscule, alors qu’elle s’était accroupie, hâve et décharnée, auprès de ses tombes, elle crut voir, dans un semblant d’accalmie, une embarcation aux voiles déchirées et qui passa, venant de l’île Morgol et contournant la Vieille Noire, à portée de la voix. Mais la vitesse de cette barque la terrorisa, et quand elle supplia qu’on l’arrachât à cette désolation, la barque disparut dans un remous.

Et puis, le vent se leva à nouveau, plus violent de minute en minute, balayant Trielen, promenant des tourbillons de sable qui lui fouettaient la face et aveuglaient ses yeux.

Pourtant elle ne savait se résigner à réintégrer sa maison, même avec la nuit. Elle restait accroupie sur le sol, près des siens, l’œil hagard tendu vers le large. Et, s’étant retournée, dans un éclair du feu du Créac’h, elle se rendit compte que le souffle du Sud avait peu à