Page:Savignon - Filles de la pluie.djvu/117

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

terrassé deux êtres chers. Pendant trente heures, la fièvre aux yeux, la tête en feu, ne songeant plus à manger, soutenue seulement par quelques verres d’eau, elle soigna les deux fillettes.

Mais comme elle était sortie pour voir si quelque bateau n’apparaissait pas à l’horizon, elle découvrit Michel, le dernier de ses enfants, étendu sur le sable, un bras replié sous la tête. Sa figure, comme celle d’Yves et de Kergrésan, était presque bleue. Il ne donnait plus signe de vie.


Le temps, qui depuis longtemps menaçait, creva tout à coup. Des rafales passèrent sur l’île.

Alors, Virginie compta sur ses doigts et vit que son mari s’était éteint depuis quatre jours. Elle prit une bêche et alla creuser un trou dans la terre si sèche et si pauvre que ce n’était à vrai dire que du sable, sur le versant Sud-Ouest, face aux Pierres Noires. Elle traîna Kergrésan jusqu’à la fosse et l’ensevelit. Ensuite, elle creusa une autre fosse dans laquelle Yves fut déposé ; et une autre encore, pour Michel. Et puis, ce fut au tour de Léontine et de Jean-Marie, qui périrent en quelques heures. Et