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A TRIELEN


— Vous ne savez point, dit Mme Coatanéa, ce que c’est que la vie des îles. Bastien, notre voisin de l’île Keller, ne peut en donner qu’une faible idée. En effet, malgré que l’endroit demeure impropre à toute culture et que le plus clair de ses occupations soit d’abattre les oiseaux de mer et les lapins qui pullulent sur son rocher, il y est heureux, en somme, autant qu’un châtelain dans ses domaines.

Pourtant, malgré l’étroitesse du canal qui sépare Keller de la pointe de Kerdancon, pour peu que la mer soit agitée, chose fréquente, ici, même par le temps calme, inutile de penser à aborder Ouessant avec son canot. Car le courant est terriblement fort, qu’il s’engouffre