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révolution ; elle avait ses routes à elle, ses ornières dans lesquelles seule elle pouvait circuler, se vantant d’égaler la poste en vélocité, réunissant l’économie à l’avantage plus précieux de la sécurité, car de mémoire de patachon, jamais patache n’avait versé : du moins le conducteur l’affirmait-il en prenant à témoin l’aubergiste, les servantes et les voyageurs spectateurs de cette scène.

Cependant il fallait prendre un parti : le moindre inconvénient de cette discussion était la perte du temps. On était encore à deux lieues de Saint-Julien ; cette distance n’eût rien été pour Olympe forte et leste comme on l’est à quinze ans, mais Mme d’Iserlot n’avait de sa vie tenté une aussi longue course, et lors même qu’elle aurait eu le courage nécessaire pour l’entreprendre, ses souliers, dont les semelles étaient aussi étroites et aussi pointues que des lames de couteaux, ne le lui auraient pas permis. Olympe essaya donc d’apaiser le patachon. Quelques paroles bienveillantes, jointes au don de deux assignats de cinq francs, adoucirent l’orgueil irrité de