Page:Savignac - La Jeune Proprietaire.djvu/249

Cette page n’a pas encore été corrigée

Mon père ayant appris les démarches que l’on faisait en mon nom pour obtenir des fournitures, accourut à Paris. Quelques mots de sa bouche firent plus que n’auraient pu faire les lettres les plus menaçantes. Je partis pour le Bourgoin, après avoir écrit à madame de Selbas une lettre qui contenait le franc aveu de mes ressentimens contre sa fille.

Ce fut de retour dans ma famille que je compris toute l’étendue de mes fautes. J’entrevis quel sort glorieux j’avais peut-être perdu à jamais ; je connus quelle différence il y a entre la célébrité bruyante d’une femme du monde et la bonne réputation d’une personne de mérite ; l’une et l’autre sont généralement connues dans leur cercle. On envie quelquefois la première, l’on en glose plus souvent ; tandis que de la seconde on dit : je lui dois de la reconnaissance ; elle a enseigné mes enfans, m’a soigné dans mes maladies ; ou bien encore : il faut la consulter, car, si jeune qu’elle soit, c’est la plus sage et la plus capable de tout le pays. Croyez que j’ai bien fait la différence entre ces deux