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LA TOUR DE LA LANTERNE.

Gentil coquelicot, coco de bisco, de verbo Joli :
          Gentil coqueliquit.

          On entend l’gros raton qui dit (bis) :
          En avant deux, mesdames souris,
                Gentil coquelicot, etc.

          Aussitôt les voilà parties (bis)
          Tournant leur queue en long circuit,
                Gentil coquelicot, etc.

          Quand tout à coup sur le minuit, (bis)
          Arrive Raminagrobis,
                Gentil coquelicot, etc.

          Il sauta sûr mesdames souris, (bis)
          Malgré leurs petits cuis, cuis, cuis,
                Gentil coquelicot, etc.

          Elles avaient bau faire cuis, cuis, cuis, (bis)
          C’est ainsi que le bal finit,
Gentil coquelicot !… gentil coqueliquit !


Et bien d’autres rondes encore que la curiosité et la gaieté de Liette réclamaient à l’intarissable mémoire de Botte.

Pour arriver à ce bois, elles passaient souvent, afin d’abréger la route, devant la propriété d’un vieux noble, célibataire peu commode, qui interdisait le passage de son chemin au moyen d’une barrière, simple morceau de bois, facile à soulever. Il avait à son service un gros chien roux dressé à aboyer aux passants. Liette, pour ce motif, préférait l’autre itinéraire, mais Botte, sans être précisément d’un avis contraire, revenait fréquemment par ce dangereux passage.

Il est vrai que l’on rencontrait presque toujours à cet endroit un brave garçon d’une vingtaine d’années, sorte de majordome de M. de Plocneuf, qui semblait se trouver là, comme par hasard, prêt a rendre le très petit service d’ouvrir la barrière aux promeneuses et de la refermer. Il faisait taire aussi le chien, l’effroi de Liette, et offrait parfois de gros bouquets de ces bruyères des marais aux petites fleurs violettes qui ne se flétrissent jamais, et que la fillette aimait à rapporter de ses promenades à tante Minette, pour garnir les grandes jardinières de la salle à manger.