les vieux chênes tordus sur lesquels le « Chevalier Bouton », avec son petit couteau, avait incrusté, croyait-il, d’inaltérables stigmates.
L’écorce lisse, en s’épaississant chaque année, avait sans doute aussi effacé, sur les gros bouleaux à troncs d’argent, lescœurs enlacés ou les initiales qu’il dessinait, pendant que Botte lui chantait sa ronde favorite :
Que tout cela était loin ! Elle s’était informée. La joie de sourire à une bribe du passé lui était même refusée. Le père et la mère Litou étaient morts ; et Botte, suivie de sa petite famille, était partie avec son mari pour habiter la Vendée.
Mais tout à coup le murmure, le bruit fugitif de l’eau qui court, lui rappellent l’imperceptible source près de laquelle elle se tenait jadis. Elle se penche, avide, sur ce ruisselet qui se faufile tout mince encore entre les menthes odorantes, et, dans le creux de sa main, elle boit avec délices l’eau cristalline qui apaise sa fièvre et rafraîchit son cœur.