échafaudage n’était pas trop lourd, elle le posa assez facilement sur son épaule ; les fardeaux n’effrayaient pas cette robuste jeune fille, habituée depuis sa jeunesse aux pénibles labeurs.
« Allons ! du courage, mon pauvre vieux, dit-elle, en tendant la main au chemineau ; essayons à nous deux de faire ce chemin. »
Et pour l’encourager, pour lui donner l’exemple, elle se détourna de sa route et prit celle de la Voirette.
La détresse du vieillard l’avait instantanément fait changer d’avis.
À la vue d’une si touchante compassion, le pauvre bonhomme, tout confus, essaya de se lever.
« Est-il bien possible, bonnes gens », que vous me secouriez d’une façon aussi généreuse ? s’écria-t-il, plein d’admiration. C’est le ciel qui vous envoie vers moi. Vous devez être sûrement un de ses anges, bonne dame !… Dites-moi comment vous remercier, oui, dites-le-moi ? répétait-il… Mettez cette roue à terre… Ce fardeau, bien trop lourd pour vous, n’est pas fait pour vos épaules. »
Et de ses yeux tombaient sur sa figure ridée de grosses larmes de reconnaissance.
Liette lui souriait et lui donnait la main pour l’aider à se relever :
« Ne vous préoccupez pas de ma charge, je suis forte, j’ai porté souvent, hélas ! des faix plus pesants. »
Une fois debout et tout près d’elle, la jeune fille regarda mieux le vieillard… Était-ce possible… Cette figure ridée et grimaçante, pareille à un vieux jouet de caoutchouc, qui était restée gravée dans son souvenir, comme la dernière qu’elle eût vue sur le port, en laissant sa patrie, étail-elle bien devant elle ? Elle lui demanda d’une voix étranglée par l’émotion :
« Ne seriez-vous pas, par hasard, le vieux père !…
— Le pêre Malaquin pour vous servir, ma bonne dame.
— Oui, c’est bien cela, reprit Liette, le père… Malaquin !
— Vous me connaissez donc ?
— Oui, dit-elle gravement. Je vous ai connu jadis. Vous