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XIV

ESPOIR ET DÉCEPTION



Bien avant l’heure, Liette était devant le Coq hardi. Elle se rappelait très bien cette auberge. Le grand tableau, représentant le coq et le lion qu’elle avait admirés jadis, était toujours comme enseigne au-dessus de la porte d’entrée. Le temps, qui fait souvent de la bonne besogne, n’avait, en la circonstance, ni lustré les plumes du volatile, ni nettoyé l’épaisse crinière du lion. Ces deux animaux, tout au contraire, semblaient vieillis et estropiés.

Le vieux domestique, en retard, rapporta de nombreux paquets, et sa physionomie, habituellement ouverte et joviale, était toute changée ; il semblait absorbé, distrait, parlant à peine à Liette qu’il prit le soin toutefois de faire manger.

Il était visible que le bonhomme était tout retourné. Il avait dû confier l’aventure de Liette, et on lui avait donné un conseil défavorable à la jeune fille, peut-être bien aussi avait-il réfléchi ? Quoi qu’il en soit, il prit son temps pour préparer son départ, fut méticuleux pour placer les paquets dans le coffre de la voiture. Puis, une fois sur le siège, prêt à partir, il redescendit à plusieurs reprises, soit pour arranger les harnais cependant solidement bouclés, soit pour passer et repasser la main sur le dos du cheval, sur la sous-ventrière très bien en place.

Il était manifeste que Rouillard, si pressé le matin de revenir