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XII

LA FERMIÈRE DU MOUET



Le lendemain, réveillée à la première heure, selon son habitude, Liette se leva.

Cette nuit passée dans un bon lit l’avait refaite. De nouveau prête pour la lutte, et plus résolue que jamais à ne s’accorder aucun repos avant d’avoir retrouvé sa grand’mère chérie, elle descendit trouver l’hôtelière qu’elle entendait remuer déjà dans sa cuisine. Elle lui exposa son désir de partir le plus tôt possible pour Rochefort où dos affaires urgentes la réclamaient.

Liette ignorait ce qu’était un chemin de fer. Il n’existait pas encore à La Rochelle lors de sa disparition, et ce n’était point dans le petit village de l’île de Man, où elle avait vécu, qu’elle l’eût appris. Le prix de sa place, tout modeste qu’il fût, était encore trop élevé pour sa pauvre bourse.

En cette circonstance Mme Sauret, la généreuse hôlelière, lui vint encore en aide.

À ce nom de « Sauret » quelque chose avait vibré dans les souvenirs de ļa jeune fille. Vivement elle demanda à l’aubergiste si elle n’avait pas de fils.

« Ah ! mais certainement, répondit-elle orgueilleuse, j’ai un beau et bon garçon, en ce moment sergent-major dans les mobiles de la Loire. C’est un brave, mon Cyrille, il fera sûrement son devoir, si son régiment donne. »