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UN DEBRIS DE LA GRANDE ARMÉE.

mère chérie, quel bonheur nous attend ! Quels baisers ! ma vieille maman bien-aimée ! »

Ne regardant que devant elle, elle avançait vers le village qu’elle apercevait au loin.… Tout à coup la route bifurque ; elle ne sait plus quelle direction prendre. Liette se renseigne à une vieille femme.

« M. Delfossy ? Mais c’est là, madame, tout dret devant vous et à gauche, lui dit la paysanne, vous vous y reconnaîtrez facilement ; la maison peinte en vert est au milieu d’un jardin, entouré d’un mur et fermé d’une grande grille. »

En cinq minutes la jeune fille y fut.

Une femme, qui lui parut être la domestique, sortait en ce moment pour fermer les volets de la porte d’entrée.

Très émue, Liette lui demanda si Mme Baude était là.

« Ma frit[1] ! non, répondit la domestique d’une voix aiguë, en la toisant de la tête aux pieds. Mme Baude est malade ; sans quoi elle serait revenue pour l’enterrement de M. Leypeumal. C’est ce que vous avez pensé d’hasard ?

— Oui, répondit Liette, consternée et inquiète, est-ce grave ce qu’elle a ?

Cré point[2], dit la domestique. Mais Mme Rivault, sa sœur, est ici, voulez-vous la voir à c’t’heure ?

— Je ne demande pas mieux.

— Alors, entrons. »

Elles montèrent l’une et l’autre les marches du potit perron.

Un corridor dallé partageait la maison en deux parties : d’un côté, la salle à manger avec une porte à l’extrémité, et de l’autre, une immense chambre, autrefois le salon où se tenait le commandant depuis qu’il lui était difficile, avec ses douleurs, de gravir les étages.

« Venez par ici, dit la servante, en ouvrant la porte de la salle à manger. Monsieur est de l’autre côté, ajouta-t-elle, un peu bas.

— Je voudrais bien le voir, demanda Liette.

  1. Ma foi !
  2. Gros point.