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IX

UN DÉBRIS DE LA GRANDE ARMÉE



Laleu est un petit bourg, non loin de la mer, à 2 ou 3 kilomètres nord-ouest de La Rochelle.

Quelques maisons de campagne en rendent, l’été, le séjour un peu vivant, mais à l’arrivée des mauvais temps, cet endroit devient à peu près désert. Le commandant Delfossy, qui s’y était fixé depuis sa retraite, n’était venu l’habiter qu’afin d’être près de son vieil ami, le général Dervillod, qui possédait alors la coquette résidence des « Ormes ».

Soldats ensemble, ils avaient franchi côte à côte tous les premiers échelons ; puis le capitaine Dervillod s’étant marié avec la fille d’un général était, immédiatement après ce mariage, entré dans des bottes de sept lieues à l’aide desquelles il était promptement arrivé aux grades supérieurs.

Les hauts commandements n’avaient pas altéré les sentiments d’amitié fraternelle qui l’unissaient à son ancien camarade, et celui-ci, tout fier des succès de son vieux frère d’armes, était resté son meilleur ami.

Par suite des vicissitudes de la vie, le commandant Delfossy avait fini par demeurer tout seul dans la jolie habitation qu’il s’était fait construire entre Laleu et la mer.

Il avait enterré son ami, avait perdu sa femme, puis ses deux