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XV

UNE TERRIBLE AVENTURE



Le mois de février, cette année-là, fut très clément. Un soleil radieux réchauffa la rive et le cours Richard, promenade préférée des vieux messieurs et des convalescents, et favorisa la pêche en dorant la mer de ses chauds rayons.

Liette, par ce beau temps, sortait à peu près chaque jour, soit avec son parrain, soit avec sa nouvelle bonne, l’étourdie Zélia, qui ne valait pes, comme surveillante, la dévouée et intelligente petite Botte. Aussi, Mme Baude avait-elle défendu les promenades sur la rive et les stations sur le bassin, et cela pour deux raisons faciles à comprendre :

Il y avait quelque danger à circuler par les cales au milieu des câbles et des filins, et les oreilles d’une petite fille pouvaient être choquées par les bordées de gros mots qui s’échappaient constamment de la bouche des marins.

Une après-midi de la fin de février, par un temps superbe, Liette embrassa son grand-père et sa grand’mère, et partit se promener avec Zélia à laquelle Mme Baude recommanda expressément de rentrer à quatre heures.

La promenade eut lieu au Mail, à cette époque très solitaire, et Liette avait pu courir tout à son aise avec son cerceau. Cependant vers trois heures, Zélia parla du retour. « Dites-moi, Zélia, si pour nous raccourcir, nous revenions par