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RETOUR AU FOYER.

Dès le lendemain de l’arrivée, on se rendit à Laleu voir grand’maman Delfossy. Fut-ce la joie de ce retour ou toute autre cause, la vieille dame sembla se remettre à partir de cet instant.

Il faut une ei petite dose de bonheur aux vieillards pour opérer sur leur organisme. À la vieillesse, comme à l’enfance, peu suffit.

Tante Minette ne connaissait qu’imparfaitement La Rochelle. Elle mit à profit son séjour pour parcourir la ville, ses environs et l’île de Ré, toujours accompagnée dans ses promenades par sa petite nièce, de plus en plus éprise de cette chère tante.

Elles visitèrent ensemble l’Arsenal dont les salles immenses, remplies d’armes de toutes les époques, si bien rangées en faisceaux, en trophées, en panoplies, alignées avec une symétrie artistique, mirent Liette dans l’admiration. Cela lui donnait des idées d’ordre, de rangement qu’elle ne soupçonnai pas.

Elles allèrent aussi, sous la conduite de M. Leypeumal, admirer le bel hôtel de ville, d’une architecture très ancienne, mais si bien conservée, où l’on peut voir, dans la grande salle, la fameuse table de marbre brisée, dit-on, par le poignard du maire Guiton, lorsque au siège de La Rochelle, en 1628, il refusa dans un noble, mais violent mouvement de colère, de capituler.

Ce furent ensuite les églises et les tours en mer qu’elles visitèrent ; et la fameuse Tour de la Lanterne, si originale, si élégante, pour laquelle Liette avait une si grande prédilection qu’elle déclarait souvent vouloir y habiter. Mais elle ne fut pas de ce dernier avis, quand elle eut parcouru ses petites salles humides et ses cachots aux noires murailles, sur lesquelles se trouvaient incrustés les noms des pauvres prisonniers, qui y étaient peut-être morts.

Elle monta à la tour de la Chaîne à l’entrée du bassin et vit dans des réduits, vieux comme le monde, des amas de cailloux, de silex qui servaient dans les siècles passés à charger les mousquetons des soldats.

Tout intéressait la fillette dans ces excursions à travers la vieille ville. Elle écoutait avec plaisir, sa curiosité aidant, les intéressantes explications que sa tante et M. Leypeumal ne lui ména-