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60. Ces signes se nomment signes d’altération.
Ce sont, comme on le sait (Premières notions) :
xxLe dièse , qui hausse la note d’un demi-ton chromatique (demi-ton formé par deux notes du même nom, Premières notions, et ci-après, § 70).
xxLe bémol , qui baisse la note d’un demi-ton chromatique.
xxLe double dièse, qui se figure de plusieurs manières et qui signifie que l’intonation de la note doit être élevée de deux demi-tons chromatiques.
xxLe double bémol , qui, au contraire, marque qu’elle doit être abaissée de deux demi-tons chromatiques.
xxLe bécarre[1] détruit l’effet des divers signes d’altération, en ramenant la note précédemment altérée à l’état naturel (c’est-à-dire à l’intonation qu’aurait cette note dans la gamme d’ut)[2].

xxNOTA. — Quand le bécarre annule accidentellement un dièse ou un bémol nécessaire à la constitution d’une gamme, il y produit un son étranger. Par rapport à cette gamme, ce dièse ou ce bémol représenterait donc l’intonation normale, et le bécarre qui viendrait la modifier remplirait le rôle d’une altération.

xxToutes les règles relatives à l’emploi des signes d’altération sont applicables au bécarre.
Signes d’altération.


61. Les signes d’altération qu’on rencontre passagèrement durant le cours d’un morceau se nomment altérations accidentelles. Ils exercent leur action, non-seulement sur la note devant laquelle ils sont placés, mais encore sur toutes celles du même nom, qui se trouveraient après eux, dans la même mesure.

xxN. B. — On doit entendre ici par le mot mesure, l’espace compris entre les barres qui traversent la portée perpendiculairement de distance en distance. (Premières notions, ou ci-après, § 220.)

xxLes altérations accidentelles expriment des sons étrangers au ton dans lequel le morceau est écrit.
Altérations accidentelles.
  1. Voyez, pour l’étymologie du mot bécarre, la note E, à la fin du volume.
  2. Chaque signe d’altération a une signification précise et absolue, c’est-à-dire que toujours le dièse indique un son plus élevé d’un demi-ton ; le bémol, un son plus bas d’un demi-ton que la note naturelle ; le bécarre exprime toujours une note naturelle. En conséquence, quelle que soit l’altération dont ait été affectée une note, dièse, bémol, double dièse, double bémol, le simple bécarre la ramènera toujours à l’état naturel. Il n’y a donc pas de double bécarre : une note doublement naturelle serait un non-sens.
    xxOn doit conclure de cette remarque sur l’interprétation des signes d’altération, qu’il est superflu d’écrire, ainsi que cela se voit quelquefois, un bécarre et un dièse, ou un bécarre et un bémol à la même note, pour indiquer que cette note, précédemment affectée d’un double dièse ou d’un double bémol, doit être ramenée à l’état de simple dièse ou de simple bémol. Le signe ou , à lui seul, suffit pour cela, puisque les signes d’altération sont toujours censés agir sur des notes naturelles ; autrement un double dièse placé devant une note déjà diésée rendrait cette note triple dièse !… Cela n’est admis par personne. Néanmoins nous devons faire remarquer que les anciens compositeurs ont souvent adopté, dans l’usage des signes d’altération, le système opposé à celui-ci, ainsi, pour rendre double dièse une note déjà diésée, ils la diésaient de nouveau.