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L’emploi de ces syllabes était un moyen mnémonique aidant ceux qui savaient le chant de l’hymne à retrouver l’intonation des sons associés à ces syllabes.

Le septième son de notre gamme n’avait pas alors de nom particulier ; il recevait, selon les circonstances, l’un des noms ci-dessus, ainsi qu’on le verra à la note E.

Cette méthode de solmisation est attribuée à Guido d’Arezzo[1], célèbre moine bénédictin qui vivait au XIe siècle, et qui appartenait à l’abbaye de Pomposa (duché de Ferrare). Avant lui, les notes étaient simplement désignées par les caractères alphabétiques qui servaient à représenter les sons.

Ce ne fut que cinq siècles plus tard que la syllabe si fut ajoutée aux syllabes citées plus haut, afin de compléter la série, et d’éviter les inconvénients que présentait la méthode compliquée des muances (voyez la note E).

Les Italiens, les Français, les Espagnols et les Portugais ont adopté ces syllabes pour nommer les sons ; mais les Allemands et les Anglais emploient maintenant encore les lettres pour le même usage.


NOTE C. — Étymologie du mot gamme.


Les sons de l’échelle musicale, autrefois très-restreinte, étaient représentés au moyen des sept premières lettres de l’alphabet. On employait, pour les sons de la première série, des lettres majuscules ; pour les sons de la seconde série, des petites lettres ; et pour les sons de la troisième série, des doubles lettres.

EXEMPLE :


Ax Bx Cx Dx Ex Fx Gx ax bx cx dx ex fx gx aa x etc.
la si ut mi fa sol la si ut mi fa sol la


Or, l’étendue de cette échelle ayant été augmentée[2], en haut de plusieurs sons, et en bas d’un son grave (sol), note figurée par la lettre g, on imagina, pour distinguer ce nouveau g de ceux qu’on avait déjà, d’avoir recours au gamma, ou g grec.

L’échelle fut alors appelée gamme, du nom de sa première note.


NOTE D. — Origine des clefs ; pourquoi elles sont sur les notes fa, ut et sol.


Les clefs n’étaient primitivement que les trois lettres F, C, G, représentant alors les notes fa, ut et sol. Quand on commença à noter la musique par des points posés sur

  1. Dans une lettre écrite par Guido à son ami Michel, le savant bénédictin conseille seulement à ce dernier de se servir de ces syllabes initiales, comme d’un procédé pour graver dans la mémoire la différence qui existe entre les sons auxquels elles sont associées. Mais Guido ne dit pas que ces syllabes doivent servir à la dénomination des sons.
  2. Guido d’Arezzo est réputé l’auteur des additions faites au diagramme des Grecs ; cependant Guido lui-même parle de la gamme comme d’une chose connue à l’époque où il vivait.