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151. Il n’y a plus maintenant de confusion possible : c’est bien ici la gamme d’ut, mode mineur ; l’équivoque avec l’autre gamme a disparu[1]. Mais cet avantage n’est acquis qu’au moyen d’une opération qui a amené dans la constitution de la gamme mineure une grave perturbation.
xxEn effet, l’altération qui fournit la note sensible portant sur une des trois notes modales, la place en désaccord avec les deux autres, et brise l’uniformité des rapports qui relient entre eux les éléments du mode.
 


EXEMPLE :


Éléments de la gamme mineure Éléments de la gamme mineure
état normal. avec note sensible.
Ton d’UT.


152. Il résulte de ce rapport contradictoire, de cette fausse relation, un intervalle défectueux dans la gamme[2], puisque, du sixième au septième degré, il faut compter maintenant une seconde augmentée, c’est-à-dire un intervalle formé d’un ton et d’un demi-ton chromatique, intervalle d’une intonation difficile, et dont la composition révèle d’ailleurs la présence d’une note chromatique ou étrangère à la tonalité. (N’oublions pas que le demi-ton chromatique a nécessairement une note chromatique, § 70.)
xxCette note étrangère à la tonalité est précisément l’altération que nous avons introduite, d’où il suit que la gamme mineure avec note sensible participe du genre chromatique.
 
153. Pour obvier à ce défaut, l’introduction d’un intervalle chromatique (la seconde augmentée) dans une gamme diatonique, et pour écarter la difficulté que présente à la vocalisation un tel intervalle, on apporte quelquefois à la gamme mineure une autre modification dont nous allons parler.
  1. On remarquera que l’altération qui produit la note sensible détruit complètement tout sentiment de l’autre ton, car cette altération porte sur la note qui, dans cet autre ton, serait le 5e degré (la dominante, l’une des trois notes tonales, c’est-à-dire constitutives du ton).
    EXEMPLES :

  2. Pour ne parler que des intervalles donnés par la succession conjointe.