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Demain, nous reprendrons la vie sévère du malade : il faudra lutter. Mais il est bon ce soir de rire très fort, tandis que s’évanouit avec étonnement la petite crainte de sentir le poumon éclater ; il est bon de boire du champagne qui enflamme les joues ; c’est un peu de congestion mais n’y pensons pas : il ne peut pas y avoir d’hémoptysie ce soir. Et comme il est bon de danser ! On peut rester debout, se lever, s’asseoir avec vivacité. Le corps retrouve, avec un bonheur presque religieux, la cambrure souple pour s’appuyer contre le danseur, l’abandon intelligent qui épouse les mouvements de l’autre corps et suit ceux-ci, fidèle comme une ombre et léger comme elle. Quand le corps se meut sur un rythme, une autre vie s’élève ; le monde se transforme pour prendre comme centre cet endroit précis, au milieu de la poitrine, où semblent converger les rythmes sonores des instruments et les oscillations souples des chevilles.

Danser, c’est le rythme de vie le plus heureux ; danser quand on croyait ne plus le faire, c’est une victoire gagnée.

Légèrement grisée par ce rythme, près de