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quand je me décidais à être patiente je laissais passer cette station trop attendue. Alors je courais avec l’angoisse d’être quelques minutes en retard ; puis je m’arrêtais parce que j’étais vingt minutes en avance. Je pense que je finissais toujours par être en retard. Je vous apportais des bonbons de chocolat. Nous nous installions dans une petite salle sombre, sur deux chaises dures. Il y avait toujours dans un coin un petit Annamite qui cirait le plancher. Il ne faisait pas de bruit… et tout d’un coup on l’apercevait. Il nous gênait beaucoup. Il nous regardait, stupide. Avait-il compris ? Il s’en allait. Nous restions l’un près de l’autre et nous avions la petite crainte nerveuse d’entendre la porte s’ouvrir. Vous n’osiez pas appuyer vos baisers. Je voulais être jolie et je choisissais les robes qui pouvaient vous plaire. Quand nous descendions l’escalier, vos camarades me regardaient et vous lançaient un regard de compliment. Je m’amusais. C’était puéril. Vous étiez heureux.

Amours, jeu, affection fidèle… c’était bien tout cela que je n’ai pas cessé d’avoir pour vous depuis ce temps. Pourquoi demandez-