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sentiment me poussait à aller vous voir à Versailles : amour, amitié masculine ?… oui, c’était tout cela que je n’appelais d’aucun nom, mais qui me donnait ces troubles qu’on voit généralement chez des amoureux très jeunes. Je n’étais à Paris qu’une journée par semaine ; le point capital de cette journée était vous voir. Pour rester un quart d’heure avec vous, j’usais mon après-midi entier dans un taxi qui me conduisait à votre « collège ». La surexcitation était la note dominante chez moi avant que je vous aie vu ; quand je vous quittais, c’était l’abattement de la fin d’une attente. Je vous voyais de midi à une heure. Je buvais un peu de thé à onze heures et je déjeunais sans faim à deux heures, parce qu’une boule montait et descendait dans ma gorge. Les taxis étaient trop lents, les « barrages » épuisants ; à la porte de Saint-Cloud, je ne savais jamais quel tramway prendre : je voulais le premier ; je courais à l’un, puis à l’autre… et chaque fois que je tournais le dos, celui que je quittais prenait le départ. Dans mon impatience, je descendais à la station qui précédait celle où je devais descendre, et