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comme vous avez prétendu, mais un homme qui m’aimait ; qui, à cause de cet amour, trouvait de l’intérêt à tout ce qui venait de moi ; devant lui, je pouvais avoir tous mes défauts et toutes mes qualités ; je pouvais me laisser aller au désordre… ce désordre lyrique et inattendu où tous les instincts se livrent en paroles et en cris pour ensuite permettre aux sûres directions de l’âme de retrouver la route et de continuer. Et j’imaginais qu’aucun de ces abandons ne troublait votre amour et votre confiance.

Puis il y avait, dans cet être créé, la femme mystérieuse que j’étais pour vous. Je ne savais pas quelle vie vous trouviez près de moi : bonheur, joie, angoisse, ennui… Que de questions ! Je n’y répondais pas. À certains moments, je me croyais indispensable, à d’autres un accident. J’avais des instants de confiance et des heures de tristesse. Et il fallait que je ne sache pas ce que j’étais pour vous, comme il fallait que vous ne sachiez pas ce que vous étiez pour moi. Le charme entre nous devait durer aussi longtemps que nous garderions l’inquiétude créée par l’ignorance que nous avions de