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les épaules. Bébé était mort et c’était Bébé que j’aimais. Mais celui qui restait lui ressemblait tellement que l’illusion demeurait, et je ne renonçais pas. On ne se sépare pas de son double en quelques instants parce qu’il a brusquement disparu. On poursuit son image, son souvenir ; on souhaite s’être trompé ; je pensais qu’il n’était pas mort, qu’il reviendrait plus tard quand j’irais mieux. Se pouvait-il qu’il eût rejeté tout ce que je lui avais dit ?

Vous avez trouvé mon influence « néfaste ». Aujourd’hui vous rappelez cette influence et vous trouvez qu’elle est un titre à notre amitié. Pourquoi ? Les histoires que je vous ai contées, l’influence que j’ai pu avoir sur vous, ne sont plus. Nous avons changé la tonalité des deux êtres qui les faisaient vivre… Et ce qui me fait souffrir, ce n’est pas tant la mort d’un amour que celle d’un être vraiment vivant que nous avions créé l’un et l’autre, que peut-être moi j’avais créé seule… Cet être était une union de vous et de moi, tels que nous nous voulions l’un et l’autre. C’était vous comme j’avais besoin que vous fussiez ; non pas un admirateur de ma personne