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J’ai voulu faire plus de choses, toujours plus choses, pour vous apporter cet accroissement de ma richesse.

Et, le soir, dans les rues de Paris où toujours je passais vite sans rien voir, j’ai essayé d’aimer ce que vous aimiez. Je mettais timidement mon bras sous le vôtre comme tous les couples de la rue, et, curieuse de sentir comme vous, j’ai aimé le parfum du brouillard, le frôlement de la foule, l’agitation des petites midinettes. Dans les rues sombres, moi qui déteste toute démonstration publique, j’ai pris plaisir — un plaisir défendu — à vous rendre vos baisers peu « confortables », mais doux parce que vous les aimiez. Dans les après-midi chauds de l’été, sur le divan de ma petite chambre, nous avons chanté des romances, airs de danse vieux de dix ans ; les paroles étaient bêtes et je ne suis pas sentimentale ; mais près de vous, dont l’âme plus que la mienne est « petite fleur bleue », je me laissais prendre à la mélodie simple de ces airs, qui évoquent la foule émue et captivée par le chant fruste de la tendresse humaine. Le « tango du rêve, tango d’amour » me faisait me rapprocher un peu