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par la bride ; sa tête était au-dessus de la mienne, et moi, j’apparaissais à peine entre deux arbousiers : je tenais des pivoines roses sur ma poitrine. J’aurais voulu que vous fussiez là pour qu’il vous fût possible de sentir le parfum des plantes du maquis ; vous auriez compris le goût que j’ai parfois pour le sauvage ; vous auriez été simple et sauvage comme moi et nous nous serions aimés. J’ai serré mon cheval dans mes bras et j’ai brisé les pivoines. Il n’y avait personne pour aimer ce que j’aimais.

Sur les gondoles vénitiennes, le soir, le long des canaux fétides où le Sole mio s’éraille sous les lanternes tricolores, près de ces palais morts et tristes, j’ai pleuré d’être seule et de savoir que vous ne voudriez pas vous laisser prendre avec moi par ce charme morbide.

Du haut des montagnes, glissant comme dans un rêve sur les grandes pentes de neige blanche, j’ai pensé à garder dans mon cœur la vision merveilleuse, afin que, revenue près de vous, je puisse vous la faire voir ; j’ai cherché les mots ardents capables de vous faire goûter ma joie et de vous donner le désir de venir