Page:Sauvageot - Laissez-moi (Commentaire), 2004.djvu/45

Cette page n’a pas encore été corrigée

pas : je sentais confusément que vous pensiez à une personne entièrement opposée à moi et que vous faisiez sans cesse une comparaison. Vous aviez des idées fixes sur moi ; et vous guettiez dans mes paroles, mes gestes, tout ce qui pouvait se rapporter de gré ou de force à ces idées fixes. Vous m’avez prêté des sentiments mesquins, un égoïsme monstrueux, des exigences… Et j’ai renoncé à vous dire que vous vous trompiez, car vous aviez l’assurance de ceux qui savent dire « ce n’est pas vrai », et qui savent rire de ce rire qui arrête toute protestation, parce qu’on sent que rien ne pourra entamer « sa vérité ». Vous avez approuvé ce qu’autrefois vous trouviez sot, vous avez ruiné ce qui semblait être votre pensée intime. On aurait dit que vous cherchiez à me tuer en vous. J’ai eu mal ; peu m’importaient les défauts que vous me reprochiez et les qualités que vous me reconnaissiez : vous ne vouliez plus me voir telle que j’étais ; et j’ai pleuré de me voir ainsi détruite.

Vous m’avez expliqué comment vous reconnaissiez l’amour d’une femme « sans droits et sans exigences ».